Refaire une France chrétienne

Les années 1930 sont le théâtre d’une multitude d’initiatives tendant à lutter contre la «  crise de civilisation  » qui, selon les mots du philosophe Emmanuel Mounier, fondateur de la revue Esprit, mine la France et l’Occident.
D’autres jeunes intellectuels dénoncent le capitalisme, l’inertie de leurs aînés et de la bourgeoisie, le matérialisme de leur époque ou le productivisme qui asservit le peuple des usines. La crise économique des années 1930, l’avènement du Front populaire, la montée des périls internationaux nourrissent le sentiment d’un monde qui vacille.
Le Seuil plonge ses racines dans cette effervescence liée aux urgences du temps. Sur la même ligne idéologique, un «  deuxième  » Seuil voit le jour en 1937, quand deux autres disciples de Plaquevent, Jean Bardet et Paul Flamand, prennent le relais de Sjöberg.

En 1935, Rondes est le premier titre du Seuil. Trois pseudonymes cachent l’abbé Jean Plaquevent : Jean Farvel, Jean Pire et Georges Elrède. Il s’agit de courtes nouvelles traitant de thèmes divers, parfois en lien avec l’actualité.
Autour de l’abbé Jean Plaquevent, né en 1901, un petit groupe de jeunes catholiques se rassemblent afin de défendre la place du catholicisme en France. C’est Henri Sjöberg, le plus proche disciple de Plaquevent, qui est le premier propriétaire du Seuil en 1935. Deux ans plus tard, trop occupé par son métier de publicitaire, Sjöberg passe la main à Jean Bardet et Paul Flamand. Respectivement nés en 1910 et en 1909, ces deux jeunes hommes, qui cherchent comment se réaliser et sont animés de prétentions intellectuelles et militantes, vont trouver dans le développement du Seuil une raison d’être.
Ce document a été rédigé par Jean Plaquevent en 1935. « Le Seuil » c’est donc celui de l’Èglise et d’une société nouvelle. L’essentiel de la production de la petite maison, moins de deux douzaines de titres avant 1945, est destiné à l’édification religieuse des jeunes et aux adeptes du scoutisme. Sans moyens, Jean Bardet et Paul Flamand sollicitent leurs proches parmi les réseaux catholiques militants pour financer et diffuser les livres. À son adresse du 1, rue des Poitevins à Paris, le Seuil s’appuie sur une petite communauté de jeunes hommes persuadés de pouvoir, chacun dans leur domaine, changer la société. La guerre interrompt tout. Le Seuil ne reprendra ses activités qu’en 1943.
Ce livre, L’Èvangile selon Saint-Jean (1943) a été illustré par Henri Sjöberg.
Figure légendaire du scoutisme, Guy de Larigaudie est mort au combat pendant la guerre. Étoile au grand large, paru de manière posthume en 1943, est le premier best seller du Seuil. Le livre est composé d’une suite de courtes sentences vantant Dieu, la nature, la découverte du monde…