Nouveaux domaines

À partir des années 1990, une politique de développement affirmée caractérise le Seuil. En arrière-plan de cet essor, le marché du livre est marqué par les concentrations d’entreprises d’édition et la question de la place des éditeurs de taille moyenne. Pour Claude Cherki, PDG nommé en 1989, le Seuil doit étendre son périmètre éditorial à de nouveaux domaines.
Il affirme ainsi, à l’occasion de son arrivée à la tête de la maison : «  Nous sommes condamnés à nous développer. À cause de notre secteur diffusion-distribution. C'est une logique strictement industrielle : nous ne pouvons faire les investissements indispensables dans ce secteur que si nous l'élargissons  » (Le Monde, 8 octobre 1989). La jeunesse, le policier, les «  beaux livres  » seront trois domaines où le Seuil va s’affirmer, en s’appuyant sur une production existante, une réorganisation interne et à partir de nouvelles compétences venues de l’extérieur.

Si des « beaux-livres » sont publiés dès les années 1950, ce sont Jean-Robert Masson et Denis Roche qui coordonnent d’abord le secteur. Au fil des années, le catalogue des beaux-livres, dont les éditeurs regroupés au sein de « Seuil Image » sont aussi très souvent ceux de la « jeunesse », se renforce, s’élargit et s’ouvre à tous les sujets. Exigeants et de qualité, les beaux-livres sont aujourd’hui placés sous la responsabilité de Claude Hénard.
Depuis les années 1970, le roman policier connaît une reconnaissance accrue, auprès d’un public plus diversifié, des bibliothèques publiques ou de la critique. Traduite de l’anglais ou de l’américain, cette littérature s’est imposée en France comme un enjeu pour de nombreux éditeurs généralistes.

En 1992, Robert Pépin, traducteur depuis plus de vingt ans pour le Seuil, est sollicité par Claude Cherki et Denis Roche pour développer un secteur « policier ». Les premiers temps seront difficiles, mais la ligne défendue par Robert Pépin, des romans construits autour de crimes et d’une enquête, avec une attention au dynamisme du récit, trouve sa place sur un marché en pleine croissance et très concurrentiel. En 1997, la publication du Poète de Michael Connelly est une réussite. Elle est suivie par les succès de Laurence Block ou d’Henning Mankell. En « grand format » ou en « Points », la littérature policière s’est imposée au Seuil.
Ces dernières décennies, le secteur « jeunesse » a été l’un des plus dynamiques de l’édition française.
Le Seuil participe à cette croissance dès 1971 sous l’impulsion de Jean-Robert Masson, responsable des livres illustrés jusqu’en 1991, production complétée par la collection de Nicole Vimard, « Point-Virgule ».

Quand il prend la direction du Seuil, Claude Cherki décide de développer activement ce secteur. Il en fait une entité clairement identifiée en 1992 et nomme à sa tête Jacques Binsztok, alors éditeur chez Albin Michel. Le « Seuil Image » est né, autonome : il a ses propres services de presse, de fabrication et de droits. Très vite s’impose l’image d’ouvrages particulièrement soignés, au graphisme exigeant et novateur. Après le départ de Jacques Binsztok et de Brigitte Morel, en 2004, Gabriella Kaufman prend la direction de « Seuil Image » et Françoise Mateu celle de « Seuil Jeunesse ».