Relations auteurs éditeurs

À la fin des années 1930, quand Bardet et Flamand reprennent le Seuil, ils affirment que «  le véritable rôle de l’éditeur [n’est] pas de vivre sur les auteurs, mais d’accomplir un service entre eux et les lecteurs  ». Cette attention aux créateurs, si elle existe pour d’autres maisons littéraires, prend au Seuil une forme singulière qui s’appuie sur le rapport révérencieux que les patrons entretiennent avec la culture, le personnalisme d’Emmanuel Mounier ou encore le statut de nouveaux venus dans le monde éditorial.
Légendaires au sein de la maison, les courriers que Paul Flamand adressait à ses auteurs témoignent de cette attention cultivée par les personnels du Seuil pour nourrir la relation auteurs-éditeurs.

Lettre de Mohamed Dib à Paul-André Lesort, 9 mars 1954. Mohamed Dib est notamment l’auteur de La Grande maison, tableau réaliste du quotidien des Algériens dont il est question dans ce courrier à son éditeur. Un livre qui sera suivi de L’Incendie (1954) puis par Le métier à tisser (1957).
Lettre d’Erik Orsenna à Michel Chodkiewicz, 24 décembre 1988. Erik Orsenna vient d’obtenir le Prix Goncourt avec son roman L’Exposition coloniale. Marie Marguerite Neel, embauchée en 1960, a été assistante d’édition auprès de plusieurs éditeurs.
Marie Lagouanelle entre au Service de presse du Seuil après avoir été rédactrice à Livres Hebdo, le journal de la profession. Elle s’occupe plus particulièrement des relations avec la presse régionale.
Lettre de Raphaël Pividal à son éditeur François Régis Bastide, 20 mars 1973. Raphaël Pividal a donné de nombreux livres au Seuil dont Tentative de visite à une base étrangère (1969), Plus de quartier pour Paris (1970), Emily une nuit (1973) et La Maison de l’écriture (1976, publié dans la série « Fiction & Cie »).
Lettre de Paul Flamand à Camille Bourniquel, 13 juin 1971.

Né en 1918, Camille Bourniquel est un proche d’Esprit depuis les lendemains de la guerre. Il en sera le directeur littéraire dans les années 1960. Auteur de plusieurs romans, par exemple Le Retour à Cirgue (1953), dont la critique souligne l’écriture soignée, Bourniquel signe également un « Petite Planète » sur l’Irlande (1955) et un « Solfèges » sur Frédéric Chopin (1957). Son cinquième roman Le Lac (1964) est évoqué pour le Goncourt. C’est finalement Sélimonte ou la Chambre impériale (1970) qui est récompensé par le Prix Médicis.
Lettre de Jean Cayrol à Jean-Pierre Abraham, 26 avril 1967.

Jean-Pierre Abraham et Jean Cayrol entretiennent une relation épistolaire intense. En 1967, cet auteur à l’écriture rare et singulière s’apprête à publier Armen, un livre remarqué.
Réponse de Jean-Claude Guillebaud à l’historienne Annie Kriegel, 15 décembre 1982.

A la suite de la parution de l’enquête du journaliste Amnon Kapeliouk, Sabra et Chatila. Enquête sur un massacre (1982). L’ouvrage, commandé par Jean-Claude Guillebaud sort quelques mois après les massacres perpétrés dans les camps palestiniens de Sabra et Chatila par une milice chrétienne libanaise. Des camps de réfugiés situés dans une région contrôlée par l’armée israélienne. Cette enquête, qui ne fut pas contestée, a été traduite dans de nombreux pays. Elle a suscité de vifs débats autour de la question des responsabilités de l’État d’Israël.
Note interne de Claude Durand à Paul Flamand, 2 mai 1974. Geneviève et José Johannet sont d’éminents spécialistes du monde russe et les traducteurs, entre autres, de certaines œuvres d’Alexandre Soljénitsyne. Dont L’Archipel du goulag qui paraît à partir de 1973.