Nouvelles collections

Après les essais, avec les collections «  Esprit  » et «  Pierres vives  », Bardet et Flamand ne peuvent délaisser le terrain de la littérature qui forge l’âme d’une «  vraie  » maison d’édition. Fidèle à la volonté des origines du Seuil de gagner tous les publics, et d’abord les jeunes générations, porteuses du monde à venir, ils poursuivent l’investissement dans les livres pour enfants et adolescents.
La vulgarisation des savoirs, qui constituera bientôt une clé du catalogue du Seuil avec les séries «  Microcosme  », est un engagement également présent. Durant ces années d’après-guerre, alors que l’Èglise catholique connaît plusieurs crises et contestations, Le Seuil, en maison laïque, tente d’affirmer sa différence.

Le catalogue romanesque des Éditions du Seuil montre les difficultés pour un jeune éditeur, qui plus est marqué par son engagement catholique et dépourvu de réseaux littéraires réels, de s’imposer dans ce domaine. Toutefois, le Seuil, outre Jean Cayrol, parvient à publier Dominique Rolin qui vient de chez Denoël. Une diversité certaine préside à la sélection des œuvres et les premiers auteurs, à l’instar de Luc Estang, défendent une approche spiritualisante de la littérature.
Dans la continuité du « premier Seuil », Bardet et Flamand créent des collections pour la jeunesse.

« Claire Fontaine » doit beaucoup à Francine Cockenpot, dont les chansons, comptines et rondes sont d’immenses succès (ainsi, Colchiques dans les prés).

Pour les 10/15 ans, « Le Casse Noisette » fait une part égale à l’aventure et à la connaissance.

La série « Les 400 coups » s’appuie sur des biographies pour contribuer à l’éducation des adolescents.
Le Seuil s’implique résolument dans l’éducation populaire.

Avec Pierre-Aimé Touchard, la collection « Mises en scène » présente de manière originale des œuvres théâtrales afin que le lecteur puisse s’approprier le répertoire classique.

Avec Bénigno Cacérès, Joffre Dumazedier et Joseph Rovan, les animateurs du mouvement
« Peuple et culture » et leur collection, il s’agit de promouvoir une culture renouvelée qui transcende les clivages sociaux.
La présence de la religion au catalogue du Seuil demeure forte dans les années d’après-guerre. Les réflexions élitistes de Dieu Vivant côtoient les interrogations de Jeunesse de l’Église sur la place du prolétariat. La spiritualité carmélitaine cohabite avec les réflexions missionnaires du père Jean Daniélou.
Note de Pierre Leyris, 1959.

Les premiers pas du Seuil dans le domaine des traductions sont marqués par la collaboration de Pierre Leyris qui fonde deux collections bilingues : « Le Buisson ardent » et « Le Don des langues ». Leyris, traducteur reconnu et collaborateur de La Nouvelle Revue française depuis les années 1930, souhaite que ces collections fassent « œuvre de révélation poétique ». Ici encore, ses conceptions de la traduction, les collaborateurs et les auteurs avec lesquels il travaille rapprochent Le Seuil des avant-gardes.