Fonctionnements et filiales

De ses origines militantes, de sa volonté de demeurer indépendante (jusqu'en 2004), de sa direction "historique" dyarchique, de l'histoire singulière des personnalités qui définirent sa ligne, sont issus certaines caractéristiques de l'organisation et de l'essor du Seuil. Dans les années 1960, la direction permet à ses cadres d'accéder au capital de l'entreprise. Durant la décennie qui suit un Conseil des cadres, élus, participent à la gestion et à la stratégie du Seuil. Il intervient par exemple dans le choix du successeur de Jean Bardet et Paul Flamand en 1979.
Les filiales du Seuil, qu'elle soit un succès comme la SES, Société des Editions Scientifiques, éditrice de La Recherche et de L'Histoire, ou un échec financier, comme Seuil Audiovisuel, montrent la sensibilité des animateurs de la maison à leur époque en investissant des secteurs porteurs et d'avenir : les magazines spécialisés et l'audiovisuel. Enfin, l'indépendance de l'éditeur et sa crédibilité doit beaucoup au savoir-faire développé dans le domaine, stratégique, de la diffusion-distribution.

En 1965, le Seuil achète une revue de vulgarisation scientifique, Atomes, devenue La Recherche en 1970, laquelle trouve un large public grâce au travail d’une petite équipe dirigée par Michel Chodkiewicz. En 1978, une autre revue spécialisée est crée, L’Histoire, dirigée par Michel Winock. En 2001, Le Seuil revend La Recherche et L’Histoire à Tallandier et prend une participation dans le capital de cet éditeur.
Note interne sur la création d’un conseil des cadres, octobre 1974.

L’association des cadres à la marche de l’entreprise a été une préoccupation de la direction bicéphale du Seuil. En 1970, une Société civile du personnel des Éditions du Seuil (SCPS) est créée. Les cadres peuvent souscrire des actions de l’entreprise. La SCPS, intercalée entre les deux patrons, possède 30 % du capital en 1979. Jean Bardet et Paul Flamand, puis leurs héritiers, se partagent le reste. Une autre spécificité est la création d’un Conseil des cadres, « chambre de réflexion » qui assiste la direction à partir de 1975. Des cadres élus sont associés à la marche générale de l’entreprise.
En 1973, Jean Bardet et Paul Flamand créent une filiale à 100 % des Éditions du Seuil. Le pari est risqué, il se révélera prématuré.
Seuil Audiovisuel (SA) destiné à produire et distribuer, à l’échelle internationale, des grands reportages de télévision, sera un investissement très lourd. La production d’une fiction cinématographique est un échec. En 1980, la filiale est vendue. La nouvelle direction du Seuil, assumée par Michel Chodkiewicz, devra faire face aux pertes de Seuil Audiovisuel.
Depuis les années 1970, sous la direction de Jean Bardet, le Seuil renforce son appareil de distribution, c’est-à-dire les moyens techniques d’acheminer les livres sur les points de vente. La diffusion (partie commerciale assurée par des représentants) est aussi un domaine dans lequel la maison veut préserver son indépendance. Cet aspect industriel occupe une place plus importante encore dans l’économie du Seuil après la prise en charge de la diffusion-distribution pour des éditeurs tiers à partir des années 1980. Après avoir acheté le Seuil, la nouvelle direction entreprend de remodeler le système de diffusion-distribution afin de fusionner les services du Seuil avec ceux du Groupe La Martinière au sein d’une nouvelle entité, Volumen.