Essayiste et critique, Albert Béguin édite pendant la guerre les « Cahiers du Rhône », qui sont un haut lieu de la Résistance intellectuelle. Ses liens avec le Seuil, noués par l’intermédiaire d’Esprit, se renforcent à la Libération. Bardet et Flamand commercialisent ses « Cahiers du Rhône » et, en 1949, lui offrent un poste d’éditeur. Parmi ses apports, un jeune auteur, Jean Cayrol. Celui-ci, jeune poète reconnu, connaît l’horreur des camps après avoir été arrêté en juin 1942 pour faits de résistance. Une épreuve qui marque son écriture. Son roman Je vivrai l’amour des autres co-édité reçoit le Prix Renaudot 1947. Bientôt éditeur au Seuil, il en deviendra l’âme littéraire. Béguin s’éloigne pour prendre la direction d’Esprit après la mort brutale d’Emmanuel Mounier en 1951.
Après discussions, Emmanuel Mounier, Jean Bardet et Paul Flamand se mettent d’accord pour la création de quatre collections sous le label « Esprit », alors que le philosophe en avait proposé plus de dix. « La Condition humaine » (philosophie, psychologie, essai, littérature), « La Vie neuve » (éducation, culture), « La Cité prochaine » (reconstruction politique, sociale, économique) et
« Frontière ouverte » (sur les pays étrangers). Le contrat est signé en janvier 1945.
Papillon promotionnel pour les collections
« Esprit ». Il a été notamment distribué avec l’ouvrage d’Hubert Multzer O'Naghten, La Propriété sans le vol, paru dans la série « La Cité prochaine » en 1945.
La collection « Pierres vives » est un lieu d’expérimentation où le Seuil rend visible ses ambitions et son ouverture intellectuelle, au-delà de la ligne strictement catholique des origines. Dès 1945, dix titres paraissent sous la direction de Claude Edmonde Magny, critique et essayiste proche d’Esprit. Jusque dans les années 1980, « Pierres vives » accueillera près d’une centaine d’essais.
Jean-Marie Domenach, secrétaire d’Emmanuel Mounier puis successeur d’Albert Béguin à la tête d’Esprit à partir de 1957, écrira en 1972 cet « Écrivains de toujours » consacré au maître du personnalisme.